Écrits
Un rêve (1)

Cette nuit, j’ai fait un rêve délicieux, comme je voudrais en faire toutes les nuits. Je peux affirmer aujourd’hui que je rêve en couleur.

Je marchais seul dans Paris, le nez au vent, quand je me suis retrouvé dans une rue étroite, avec des maisons basses dont les murs comme le sol étaient entièrement recouverts d’une épaisse couche de peinture bleu ciel et blanche. Le sol pavé était défoncé et jonché de chiffons. La rue montait. Il y avait du monde devant les portes. Puis tout d’un coup la rue a débouché dans une vallée, avec des falaises de terre ocre et des arbres verdoyants. Des maisons étaient accrochées à flanc de falaise et en bas c’était un lacis de ruelles. En voyant ce paysage j’ai alors pensé : « Il faudra que je fasse découvrir ce lieu à C. ». Les ruelles étaient bordées de boutiques et de maisons aux portes ouvertes. Manifestement, j’étais dans un décor indien ou oriental, avec des gens bruns et basanés assis sur des coussins rouges et ors. Je tentais d’avancer dans ces ruelles qui ressemblaient à un souk et, à chaque fois, j’entrais dans une boutique ou une maison, et l’on m’expliquait par des gestes qu’il n’y avait pas de passage et que je devais retourner dans la rue. Je me souviens alors que j’ai cherché à manger. J’avais faim. Je voulais acheter un sandwich. J’ai vu un enfant qui mangeait une sorte de pain garni d’un produit coloré rose, blanc et bleu. Finalement, une vieille dame accepta de me servir une espèce de pâtisserie orientale délicieuse qui baignait dans un liquide jaune, comme du miel. Je continuais à marcher et j’arrivais sur une route qui longeait une étendue d’eau. Une embouchure de fleuve, aux eaux calmes et luisantes. Sur le versant d’une colline, je distinguais des personnes qui s’agitaient dans un grand jardin. D’autres étaient accrochées à des grilles et tentaient de regarder ce qui se passait à l’intérieur. Je distinguais des hommes et des femmes en train de faire l’amour les uns à côté des autres. D’énormes sexes masculins en érection qui s’enfonçaient dans des sexes humides et charnus de femmes. Je m’approchais d’un portail sur lequel était accroché un panneau gris marqué de mots à la craie que je n’arrivais pas à lire. La personne qui gardait l’entrée m’ouvrait spontanément le portail. À l’intérieur, je cherchais à retrouver les couples qui se livraient à des ébats sexuels, mais je ne croisais que quelques prostituées grossièrement maquillées et à moitié nues. Je m’avançais dans le jardin et j’entrais dans une maison. La pièce était remplie d’enfants et de très jolies femmes en saris colorés avec de longs : cheveux bruns qui s’empressèrent de me servir des plats plus délicieux les uns que les autres aux couleurs de miel  et des boissons bleues. Nous étions assis et allongés sur des coussins. Il y avait de la musique et au milieu de la salle des femmes qui dansaient. Des enfants cherchaient à jouer avec moi et me montaient sur les genoux, me tiraient les oreilles et me frottaient les cheveux. Une petite fille s’endormit contre moi. Je caressais son visage en me disant que j’aimerais être le père d’une petite fille comme elle. Il ne cessait d’arriver de nouvelles personnes. Je sortais de la maison et, depuis le jardin en pente, je contemplais le paysage grandiose de l’étendue d’eau à perte de vue, sur laquelle se couchait le soleil. Je pensais : « Si C. pouvait voir tout cela ! ». Je marchais dans les allées du jardin où s’alignaient des espèces de stands. J’allais de l’un à l’autre. Certains offraient à boire. D’autres à manger. D’autres donnaient des concerts. Des hommes jouaient avec des instruments à cordes que je ne connaissais pas. Je déambulais avec un petit garçon et une petite fille accrochés à chaque main et d’autres qui me suivaient. Je trouvais ces enfants tellement jolis et gentils. Je n’avais pas envie de quitter ce lieu. Dans le rêve, je me demandais comment je pourrais raconter tout cela à C. Il faisait de plus en plus nuit.

Quand je me suis réveillé, je devais avoir le visage marqué par un large sourire. Ce rêve m’a fait beaucoup de bien. Je me sentais détendu et apaisé.

31 octobre 2006